PRISE EN CHARGE DES PATIENTS À RISQUE EN ODONTO-STOMATOLOGIE
LES CARDIOPATHIES
▼LES CARDIOPATHIES AU CABINET DENTAIRE ↵
- Risque hémorragique.
Ⅱ/ RISQUE HEMORRAGIQUE :
Il concerne les patients cardiaques sous anticoagulants (héparine ou anti-vitamines K) et également les patients sous anti-agrégants plaquettaires, les antifibrinolytiques.
Ils sont généralement prescrits par le cardiologue en présence d’un risque thrombo-embolique (thrombose veineuse, thrombose artérielle, prothèse valvulaire, infarctus récents ou antécédents d’infarctus).
Les anticoagulants :
- Héparine (calciparine®, Lovenox®): administrée par voie intraveineuse ou sous-cutanée, elle a une action anticoagulante immédiate . Sa durée d’action est de 8 à 12 h.
- Anti-vitamines K (Sintrom®, coumadine®, previscan®...): par voie orale, elle permet un effet anticoagulant prolongé, (Sintrom® a une durée d’action de 3j).
Les anti-agrégants plaquettaires (AAP):
- Acide acetylsalicylique (Aspirine®): après son arrêt, le retour à la normale se fait au bout de 7-10 j.
- Ticlopidine (Ticlid®) : anti hémostatique et antiagrégant plaquettaire. Son action est plus importante par rapport à l’aspirine.
- Clopidogrel (Plavix®).
les antifibrinolytiques :
- Streptase®, Urokinase®..
1. Cardiopathies à risque hémorragique :
À savoir :
- Les cardiopathies ischémiques ;
- Les antécédents de chirurgie cardio-vasculaire
- Les cardiopathies valvulaires (y compris les porteurs de prothèse valvulaire)
- Les troubles du rythme
- Les affections thromboemboliques.
2. Précautions à prendre face au risque hémorragique :
2.1 Surveillance biologique des anticoagulants :
demander un bilan de coagulabilité pour le jour de l’acte : TP (Taux de Prothrombine) et INR (International Normalized Ratio).
- Si l’ INR est inférieur à 2 : réalisation de l’acte puis orientation vers le cardiologue pour réajustement de dosage de l’anti-vitamine K
- Si l’INR est compris entre 2 et 3 "zone thérapeutique" : réalisation de l’acte avec l’utilisation des procédés locaux d’hémostases sans modification du traitement anticoagulant
- Si l’INR est supérieur à 3 : différer l’acte, surdosage en anti-vitamine K, orientation urgente vers le cardiologue
Recommandations concernant la poursuite ou l'arrêt des AVK :
Pas d'arrêt d'un traitement par antivitamine K : à
condition
- De respecter un protocole opératoire strict,
- D'avoir un international normalized ratio (INR) stable inférieur à 3
- D'utiliser systématiquement des moyens d'hémostase locale,
- D'assurer impérativement la continuité des soins ;
En cas d'intervention à risque hémorragique élevé ou si le patient n'est pas coopérant.
Un relais à l'héparine peut être également préconisé par le cardiologue, des injections d'héparine sont effectuées toutes les 12 heures en même temps que la prise des anti-vitamines K. Lorsque l'INR est stabilisé sur un allongement correct, le cardiologue peut supprimer les anti-vitamines K.
Les AVK sont arrêtés par le cardiologue de 1 à 3j avant l'acte chirurgicale, l'héparine est introduite.
- Le praticien peut agir alors à la fin de l'action de la dernière injection de l'héparine (environ 12 heures).
- Les injections pourront être reprises quelques heures après l'intervention en fonction de l'importance de celle-ci.
Le retour au traitement par AVK va se faire progressivement 2à3j après l'intervention chirurgicale (en fonction des résultats biologiques).
L'hospitalisation du malade est obligatoire.
▼ Pour les patients sous Héparine :
Le TCA (Temps de Céphaline Activé) est l'examen de choix, il doit être compris entre (1.5-3) x le temps témoin.
2.2 Surveillance biologique des anti-agrégants plaquettaires (AAP):
Demander le temps de saignement (TS) qui doit être inférieur à 10 min selon la méthode Ivy.
Attitude concernant la poursuite ou l'arrêt des AAP :
- Un arrêt de traitement par agent antiplaquettaire (AAP) entraîne une absence de prévention du risque thromboembolique pendant une période minimum de cinq à dix jours.
- L'arrêt des AAP, même pour une courte durée, est responsable d'une augmentation des événements athérothrombotiques (syndromes coronariens aigus, accidents vasculaires cérébraux, claudications, etc.).
- En odontostomatologie, le bénéfice escompté par l'arrêt des AAP semble mineur en regard de la gravité du risque de récidive thromboembolique encouru
↬ Pas d'arrêt du traitement par AAP avant des soins
dentaires.
• L'interruption de l'AAP (dose < 300 mg/j) en prévision d'une chirurgie bucco-dentaire n'est à l'heure actuelle pas requise, dans la mesure où le risque hémorragique n'excède pas le risque thromboembolique associé à l'arrêt de ce médicament.
↬ Poursuite du traitement par AAP recommandée
- Dans les situations où un saignement per ou post-opératoire survient, les méthodes locales d'hémostase sont en générâl très efficaces.
↬ Pas d'arrêt du traitement par aspirine (entre 75 mg/j
et 325 mg/j) avant une intervention de chirurgie buccale, parodontale ou
implantaire ;
↬ Concernant l'aspirine à forte dose, les principes sont
les suivants :
- Arrêt de l'aspirine à une dose totale journalière supérieure à 500 mg (indication antalgique, antipyrétique, anti-inflammatoire) ;
- Possibilité de soins dentaires conservateurs, soins parodontaux non chirurgicaux ;
- Arrêt de l'aspirine pour la chirurgie buccale, parodontale ou implantaire et report de l'intervention à cinq ou dix jours ;
- Pas d'arrêt du traitement en urgence si une intervention chirurgicale est impérative et même attitude que pour les AAP.
· Lors de l’acte opératoire :
Il ne faudra intervenir que si l'on possède une parfaite
technique d’hémostase locale.
- Prévoir l’acte au début de la journée et au début de la semaine.
- L’anesthésie loco-régionale à l’épine de Spix est formellement contre-indiquée (risque d’hématome pharyngé).
- Anesthésie péri-apicale avec vaso-constricteur.
- Minimiser les traumatismes et l’étendue du site chirurgical.
- Eliminer les tissus de granulation et les débris osseux, les granulomes et les kystes doivent être curetés en totalité et essentiellement après extraction des dents avec atteintes parodontales
- Utiliser les moyens locaux d’hémostase : compression post-chirurgicale, sutures hermétiques, colles chirurgicales, gouttière compressive, éponges hémostatiques.
- Si un bain de bouche est prescrit après un acte saignant, ne le débuter qu’après 24h pour éviter un saignement.
La prescription médicamenteuse :
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et l’aspirine sont contre-indiqués chez les patients sous anticoagulants.
- Les tétracyclines et les barbituriques sont contre-indiqués chez les patients sous anti-vitamines K car ils potentialisent leur effet.
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